Nice, cité d’accueil de refuge et des d’échanges croissants

Par son site même, que depuis longtemps j’ai osé mettre au rang de celui d’Athènes, mais aussi par son beau climat, par son environnement, par son emplacement central, aux confins entre la France et l’Italie, favorable aux voyages par tous moyens, Nice a, depuis deux siècles, attiré nombre d’êtres humains sur ses rivages fortunés. C’est un fait qu’en même temps elle attire une élite de la vie sociale et de la richesse. Nice est devenue un point d’élection pour les intellectuels, des artistes, affamés, les uns de repos, les autres de mondanités. Nietzsche, Berlioz, Marie Baskirtchef y ont écrit.

D’autres sont venus simplement se détendre sans produire d’œuvres. Une telle fonction s’avère d’autant plus capitale, que la tension et la trépidation de Monde moderne se sont accrues considérablement. La reconstitution de l’être humain surmené ou malade est un des objectifs essentiels des médecins et sociologues de tous pays. A Nice, cité refuge pour êtres humains, cette fonction s’agrandit au plus haut point : Nice est devenue un refuge d’importance grandissante pour les êtres humains venus des montagnes infertiles pour trouver du travail, chassée de leur patrie ou volontairement exilés, privé de l’autorité d’un Etat quel que soit son régime.

Elle apporte par son accueil et son environnement éloigné de la politique, un réconfort à des milliers d’hommes et femmes devenus des épaves ou menacés de le devenir, une patrie. N’a-t-elle pas reçu récemment des milliers de Français rapatriés en provenance d’Indochine, de la Tunisie, du Maroc et surtout de l’Algérie ? N’aurait-elle que ce rôle humaniste, compterait déjà parmi les lieux exceptionnels de la terre. Aussi a-t-elle l’impérieux devoir de demeurer ou de devenir de plus en plus à même de faire face aux obligations que ce rôle implique. Naturellement elle doit avec ses populations, ses travailleurs, ses paysans etc. rester une ville propre naturellement et moralement. Mais plus que d’autres, elle doit lutter pour garder un environnement digne de sa réputation, développer son équipement, sans diminuer ses beautés naturelles, demeurer simple, accueillant et relativement pas chère.

Nice foyer de connaissance et de l’art de vivre

Le rôle auquel j’arrive maintenant a pu être esquissé jadis par Nice quand cette ville liée à la Savoie, rendez-vous de savants, exceptionnel foyer de connaissances, a eu un sénat, un enseignement du droit, de la médecine, des sciences naturelles et politiques. Mais après une longue éclipse, la renaissance des institutions artistiques et intellectuelles a pris au cours de ce siècle, un très vif essor dont le résultat et l’agent moderne les plus visibles sont la création du Centre universitaire méditerranéen, puis d’une université puissante, elle-même entourée d’une constellation d’établissements scientifiques, artistiques et culturels importants.

Qui peut nier les profondes conséquences que ces expériences ont déjà eues pour la vie humaine (physiologie) en elle-même et pour les développements des ressources de la terre : maritimes, agricoles, animales, minérales, etc. ?

Nice a déjà acquis une position enviable dans les études méditerranéennes de diverses natures qui montrent l’unité supérieure du monde méditerranéen, y compris l’unité dans la variation des races humaines habitant le monde méditerranéen. Un champ de recherche illimité et ouvert aussi sur le plan politique. Au lendemain de la découverte de l’Amérique, l’Occident s’est tourné vers l’ouest et la Méditerranée a été désertée…

Dès lors, on peut espérer que les villes nouvelles, non mêlées aux guerres arabes et étrangères, comme c’est le cas de Nice, sont appelées à jouer un rôle de point de rencontres peut-être menées pour des négociations politiques (la Paix, la Science), le tourisme, l’art, les échanges et d’ordre encore supérieurs… Sur le terrain européen, il appartiendra également à Nice de se proposer comme qualifiée en raison des aptitudes de son institut.

Nice, haut lieu de rencontres et de réflexions sur la destinée de l’homme et du monde moderne et futur

Ceci m’amène à examiner de plus hautes initiatives d’ordre humain. La Méditerranée n’est pas seulement le point de rencontre de trois continents et un carrefour de relations d’hommes, un foyer de tourisme. C’est un des endroits où militairement se sont affrontées les grandes civilisations. La Méditerranée issue de l’antiquité classique et de religions monothéistes juive et chrétienne, s’est enrichie de l’Islam et pendant des siècles, l’invasion arabe a répandu le Coran. Or, cette civilisation méditerranéenne est devenue l’Occidentale, Amérique du Nord et du Sud, puis l’Universelle et a exercé une influence considérable sur les peuples de l’Orient. Mais voici qu’à l’Est de l’Europe les doctrines matérialistes ont exercé un reflux à l’encontre de l’Occident classique. Enfin à l’affaiblissement résultant de l’explosion hitlero-fasciste, s’est ajouré, au détriment de l’Europe occidentale, le recul résultant des décolonisations. Ces immenses mouvements politiques suscitent à leur tour un déplacement ou au moins un recul d’influence des idées qui ont inspiré la création de la SDN puis des Nations Unies.

Et maintenant entre en scène le rôle possible et probable de villes comme Nice placées dans ce même carrefour des civilisations.

Plus que les villes politiques de New York ou Tokyo, ou La Mecque, ou Rome, Nice est un terrain favorable pour étudier l’avenir de l’organisation de l’humanité et spécialement ce qui doit demeurer propre à certains groupes humains mus par des conceptions sociales voisines et ce qui doit devenir commun à tous les peuples occidentaux ou orientaux, pour rendre la paix possible aux Nations Unies.

Je pose aussi la candidature de Nice aux colloques de philosophes et théologiens et aux assises de confrontations plus étendues qui s’imposent : l’œcuménisme, les devoirs des confessions et des Eglises vis-à-vis des Droits de l’homme, la part respective du spiritualisme et de la science dégagée des croyances métaphysiques, dans la société future : tels sont par exemple les problèmes capitaux pour le genre humain, les droits et les limites d’activité des savants ainsi que ceux qui doivent être étudiés : les droits de l’Homme. Je pense qu’aux autres rôles dévolus à Nice, un nouveau doit s’ajouter. Partant de l’idée que c’est en Méditerranée, lieu prédestiné depuis des millénaires qu’il faudra s’attaquer à des études capitales pour l’organisation et les idées dans la future humanité, je voudrais orienter les esprits vers une idées, à savoir qu’il serait pas déplacé que Nice ambitionne la place que jadis Alexandrie ou Constantinople auront pu tenir durant des siècles… »