A l’aube du XXIème siècle, les défis et enjeux à venir, nous forcent à nous interroger sur les modèles développés durant ces vingt dernières années au sein des grandes écoles et universités françaises ainsi que sur l’évolution des comportements dans le monde professionnel.
L’argent serait-il en mesure de tout acheter et d’hypothéquer notre avenir ?
Il est intéressant de constater, à une époque où l’on ne cesse de parler de développement en leadership – sujet qui nous intéresse ici –, de développement durable, d’économie de la connaissance, de commerce équitable, de morale et d’éthique : que les premiers articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme sont rarement respectés, les « vrais leaders » sont en voie d’extinction au même titre que la biodiversité de notre planète, les écarts entre les différentes classes sociales se creusent, le niveau général des connaissances ne fait que diminuer…
Ainsi, paradoxalement – pour ne pas parler d’hypocrisie généralisée –, plus l’on communique sur certains concepts, et moins l’on aurait tendance à les appliquer, hormis pour faire du marketing, de belles campagnes publicitaires et de magnifiques films à grand spectacle, en deux mots : « du business ».
L’homo economicus et l’homo civicus devraient assumer leurs responsabilités face à une vertigineuse accélération de leur évolution induite notamment par les retombées des découvertes scientifiques. Or pour l’instant, c’est bien à l’inverse que nous assistons. Les événements manipulatoires du 11 Septembre 2001, le controversé réchauffement climatique, sans parler des trois milliards d’individus supplémentaires à venir d’ici 2050 qui réclameront à manger et leur part d’énergie nécessaire à une vie décente, démontrent bien dans quel état d’inconscience nous vivons.
Comment est-il possible, par exemple, de construire pendant la guerre froide 40 000 ogives nucléaires ayant chacune 7 fois la puissance de la bombe atomique d’Hiroshima, largement de quoi, selon Georges Charpak « vitrifier la planète », ou encore de procéder à 423 essais d’armes nucléaires entre 1945 et 1980, alors que dès à présent nous ne sommes pas capables d’empêcher des millions d’êtres humains de mourir de faim, de recycler nos déchets, de cesser d’épuiser nos réserves et surtout de réguler la démographie, la surconsommation mondiale et la pollution de notre planète.
Tout simplement, comme la grenouille dans sa casserole d’eau chaude, parce que nous perdons notre sens critique à force de gober une quantité d’information grandissante dont la médiocrité de la qualité informationnelle est à la hauteur de sa quantité.
Ces quelques mots du généticien, Albert Jacquard, résument bien la situation, « le processus de crétinisation de notre culture » est en marche. « Transformer les citoyens en moutons soumis est le rêve de bien des pouvoirs. Pour y parvenir les moyens sont nombreux ; les intoxiquer de parasciences peut être fort efficace. » Et en cela le rôle des médias est déterminant. On assiste ainsi à une dénaturation de la connaissance qui a pour résultat une conception du monde dont de nombreux éléments sont irrémédiablement hors du champ de compréhension – donc du contrôle – de la majorité des individus. Cette pensée que l’on pourrait qualifier d’ésotérique induit selon Charpak et Broch : « une stratification du monde – ceux qui ont des pouvoirs, savent et agissent tout en haut et, loin en dessous, ceux qui s’étonnent, admirent et suivent sans comprendre – débouchant sur le fatalisme béat et la déresponsabilisation des individus. »
C’est pourquoi au sein de La Taureau Corporation lorsque nous formons au « leadership », seul le respect de quelques valeurs, comme l’engagement, le courage et l’honneur, compte.
Être un « vrai leader », un « guide », c’est d’abord montrer l’exemple (en sachant rester soi-même), puis partager avec humilité et pédagogie un ensemble de connaissances/compétences avec son entourage. Lorsque le management par l’honneur est au rendez-vous, la communauté est épanouie et florissante. Ainsi, il est essentiel que le guide soit généreux avec la communauté et frugal avec lui-même.
Honorer quelqu’un, c’est respecter cette personne et la tenir en haute estime. Chaque grande religion a un dogme qui souligne l’importance par exemple de tenir ses parents en haute estime. Pourtant, le déshonneur est répandu dans la société actuelle. Nous ne percevons plus dans notre vie quotidienne, l’importance de respecter les autres, même au niveau le plus fondamental. Une simple parole donnée, ne devrait pas être remise en cause en permanence.
Comment faire confiance à autrui et apprendre à se faire confiance, lorsqu’il n’y a plus d’honneur ? L’honneur était la richesse et la monnaie d’échange des grands hommes, il garantissait la relation de confiance.
Sans honneur, sans leadership incarné à la tête des sociétés, il semble difficile d’inspirer, de motiver les troupes. Est-il normal que personne de nos jours ne s’attende à ce que des politiciens disent la vérité ? Ils représentent pourtant le pays ! Le prix à payer pour le déshonneur n’est pas toujours reconnu sur-lechamp, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. La société tend au travers de la manipulation de l’information par certains médias à cacher les effets et les conséquences du déshonneur en véhiculant l’idée que le manque de respect est anodin.
Cependant, comprendre l’importance de l’honneur, c’est savoir que le respect que vous portez à autrui retombe sur vous-même, sur votre famille, votre groupe de travail, votre société et toutes vos autres relations. Les samouraïs d’antan avaient bien compris cela et ils honoraient même leurs ennemis.
Le management par l’honneur est le seul chemin encore possible aujourd’hui de ne pas déshonorer les générations à venir et de continuer à honorer la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour un monde meilleur.
Emprunter la voie du Samouraï/du Chevalier moderne – du « Soldat de la Paix » –, c’est déjà rendre un hommage à l’être humain.